dimanche 25 novembre 2007

Chapitre 2

Des quatre années qui suivirent, je dois admettre qu’elles furent agréables. Si mes amis et surtout ma mère me manquaient les premiers temps, j’acceptais ma nouvelle place stoïque et je ne pense pas avoir jamais pleuré. Je dois dire que je ne pouvais en vouloir à ma nouvelle famille. Les clans faibles comme le nôtre sont la proie de tous les pillards et tomber sur un clan qui prenait se dont il avait besoin sans tuer ni violer le reste de la tribu était rare. Mon nouveau clan avait une technique bien rodée consistant à encercler le clan repéré préalablement par des éclaireurs et ensuite profiter de l’effet de surprise pour contraindre leur membre avant qu’ils puissent ébaucher un mouvement de résistance. Ensuite, il ne prenait que ce dont ils avaient besoin. Ainsi, après le décès de leur sourcier par une piqûre de scorpion, le besoin d’un remplaçant s’est fait sentir et le premier clan repéré fut le nôtre. Ils ne prirent rien d’autres que moi, jugeant notre petit groupe comme trop misérable pour leur apporter quoi que se soit d’autre.

Pour autant, une bande de pillard reste une bande de pillard n’hésitant pas à dépouiller un groupe plus faible d’une maigre possession sans se préoccuper de leur survie et en cas de résistance n’hésitant pas à égorger les résistants.

De cette technique, je ne voyais nulle mal et mieux, j’y trouvais une certaine morale. En ce qui me concernait, je remplaçais le sourcier, et que je sois une enfant et en plus une fille ne fut jamais perçu comme un problème. Ils avaient besoin d’eau, je pouvais en trouver, affaire réglée. Je récupérais donc tout naturellement le statut de l’ancien sourcier ainsi que ses biens consistant en une tente, un peu de vaisselle et quelques pièces d’étoffe que je coupai à mes mesures. Autant dire plus que n’avait jamais possédé le chef de ma famille d’origine.

Mon premier massacre, je l’ai vu le jour de mes 6 ans. Si la plupart du temps les guerriers partaient a l’attaque après s’être assuré avoir mis les enfants à l’abri, ce jour là, un convoi de tissus avait été repéré juste derrière nous et certaines tentes avaient besoin d’être changée. Les guerriers prirent positions et nous eûmes juste le temps de nous dissimuler dans les dunes.

Malgré leur infériorité numérique, la caravane refusa de payer le tribu et quand le clan attaqua, je suivis les autres enfants qui se précipitèrent pour contempler le spectacle, arrêtés par le shaman, un guérisseur qui m’avait beaucoup impressionné au début de mon séjour quand ses incantations m’avaient débarrassée de mes puces. Je découvris ainsi que ce sort quoique bien utile était quasiment son seul talent ainsi que celui de déceler les magies d’autrui. C’était cependant plus que je ne connaissais alors et je comprenais qu’on le maintienne à l’écart des batailles pour préserver son grand pouvoir. La bataille fut de courte durée mais durant ce laps de temps, je pus voir un échantillon représentatif d’une gamme non négligeable de façon de tuer. Je détournai les yeux et rendis mon déjeuner mais le shaman me força à regarder.

« Regarde Sun » dit-il m’appelant par le nom par lequel ils m’avaient baptiser en m’adoptant. « C’est ainsi que finissent ceux qui refusent notre magnamité car ils sont trop bête pour comprendre notre puissance ».

Je me redressai alors fière de mon destin et admirais le retour triomphant des guerriers. Je trouvais alors leurs parures étincelantes, notre chef grandit et ajoutai ma voix au chant de victoire qui s’élevait autour du charnier. Pendant ses quatre ans, je crus vraiment que je faisais partie d’un clan puissant, peut-être même le plus puissant du désert, je me prenais à rêver que je retrouvais ma mère pour qu’elle puisse voir ce que j’étais devenue et elle était fière de moi.

Je m’investissais dans les activités du clan. La plupart des jeunes et moins jeune passaient leurs temps libres à s’exercer au combat sous l’œil vigilant des plus expérimentés. La première fois que je pris un bâton d’exercice pour me battre avec ceux de mon âge, on me fit reculer. Un sourcier ne se bat pas, il se maintient à l’écart car son don est trop précieux pour le perdre au combat me répliqua-t-on. Je fis remarquer que le jour où je serai attaquée, mon don sera perdu car je ne saurai me défendre et devant mon raisonnement implacable on m’envoya m’exercer avec les plus jeunes avec ordres de ne pas revenir avant d’avoir réussi à vaincre cette bande de garçon et fille de 5 à 7 ans. J’acceptai en traînant la patte pensant que mettre à terre une bande de bébés ne me prendrait pas longtemps et pourtant c’est moins qui fut jetée a terre en moins temps qu’il en fat pour respirer. A partir de ce jour, je m’exerçais chaque jour. Les plus jeunes avaient comme maître d’exercice Meandre un ancien guerrier qui avait perdu un œil et un bras au combat. En toute logique, il aurait dû être abandonné dans le désert étant devenu une charge inutile pour le clan mais on l’avait gardé car il était brillant tacticien et ses conseils avaient souvent fait tourner une bataille à notre avantage. Je voyais encore dans cette décision la puissance de ce clan. Avide de ses conseils, je fis vite des progrès et pus ensuite me battre contre des enfants de mon âge et même vaincre des plus âgés à la lance ou avec un bâton de combat. Outre ses leçons, Méandre était aussi un conteur passionnant et j’écoutais la nuit venue tassée dans sa tente avec quelques autres enfants, les histoires de guerriers et de batailles et celles de totems et de magies.

Malgré son assurance, je ne voyais dans ces dernières que des contes ne pouvant imaginer clans plus riches et puissant que le nôtre même quand il narrait les histoires d’hommes couvert de brocard, de femmes dans des tentes de soies, de caravanes de milliers de personnes et le tout protégé quasi exclusivement par la magie d’un homme puisant sa force dans l’esprit d’un animal totem.

Il en parlait comme des hommes bons, ou du moins ne présantant pas un reél danger car ils ne s’attaquaient pas à des clans comme le nôtre. Nous sommes trop faibles et pauvres pour présenter le moindre intérêt à leur yeux nous expliqua-t-il. Là, je sus que ces histoire ne pouvaient être que fausses car nous n’étions ni faibles ni pauvres et pour preuve, je n’avais jamais souffert de la faim depuis mon arrivée parmi eux.

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